Ses mots … Sa douleur


Mon N’amoureux,

Avant toute chose, je t’aime.

Aujourd’hui je te demande de publier ces lignes sur ton blog. Ma voix. Je te laisse le soin de décider si tu le publieras ou pas. Après tout, c’est ton blog.

J’écris peu car il m’est difficile de poser des mots sur mes idées. Je n’en suis satisfaite que lorsque je le fais pour mon travail, rigoureusement et tout cadré. Je ne le suis jamais lorsqu’il s’agit de mes pensées, bien plus complexes, nuancées et riches en émotions. Alors je m’abstiens de les écrire, je tente de les organiser dans ma tête, sans support.  Malgré la richesse des mots dans notre langue, je n’arrive pas à m’exprimer comme je l’entends : chacun a un passé propre, une vision propre, une interprétation propre des mots. Plusieurs fois dans ma vie, mes mots n’ont pas été compris, voire même pas entendus. Et j’ai abandonné.

Aujourd’hui je souhaite écrire. Pour me mettre au même niveau que toi lorsque tu écris ? Pour ne pas regretter de ne jamais l’avoir fait ? Pour tester ce mode d’expression et espérer être comprise ?  Pour juste me défouler ? Je ne sais pas, tout ça à la fois peut-être. J’en ai envie. Et j’espère qu’une part de moi, celle que peu de gens connaissent, sera perçue et acceptée. Ou plutôt simplement pas ignorée.

J’ai des doutes. Enormément. Je n’aime pas les évoquer, je préfère avancer en les évitant autant que possible. Parfois, je ne peux pas. Dans ces moments-là, je pèse lourdement le pour et le contre, le pourquoi, le comment, et c’est la prise de tête. Et le vide m’envahit, et la tristesse s’installe. Et je veux m’échapper. Je n’ai jamais réussi à m’échapper. Les choix sont inévitables, les conséquences aussi. Alors je suis terrorisée avant même de choisir.

Avant de te rencontrer, je ne cherchais personne, je me suffisais à moi-même, je gérais mes galères, voire celles des autres. Je m’étais faite à l’idée que je pouvais finir ma vie seule, sans compagnon, sans enfant, juste un peu de famille et une poignée d’amis, des activités qui combleraient mon quotidien et basta. J’en étais même très contente. Un peu histoire de faire l’originale, surtout parce que j’avais la solution pour me préserver des blessures jusqu’à la fin de mes jours, ou presque (l’utopie…)!

Et puis je t’ai rencontrée, je n’attendais rien de toi, j’avais juste envie de te revoir sans savoir pourquoi. Je n’avais rien en tête, rien envie de construire, rien envie de changer en moi. Je n’avais même pas envie de sexe ! Le sexe et moi, nous ne sommes pas vraiment amis. J’avais envie de t’écouter, de te connaître. Et le peu que tu m’as dévoilé de toi m’a conquise. Ce peu de toi que tu m’as fait découvrir, plus ou moins par stratégie de drague (comme si je ne l’avais pas remarqué…), m’a suffit. Et même si je savais que ce n’était qu’une partie de l’iceberg, je n’ai pas eu peur. Et ce que j’ai vu sur ton blog, c’est toi. C’est le reste de l’iceberg. Je savais bien qu’il était là, mais je ne m’en soucie pas. Parce que je n’en ressens pas le besoin, je n’ai pas besoin de complètement te connaître pour complètement t’aimer.  Je n’ai pas tout lu sur ton blog, je n’ai pas envie de tout lire. C’est ton jardin secret, ta vie, toi. Je le respecte. Parce que je veux qu’on me respecte de la même façon. Je n’aimerai pas forcément que ma moitié entre et sorte de mon jardin secret comme ça lui chante. Alors je ne le fais pas. Mais je suis prête aussi  à le laisser entrer, parce que j’ai envie de le partager. Et je te remercie de m’avoir fait partager le tien. Je t’aime.

Et le soir où j’ai trouvé ton blog, tu te souviens combien j’ai eu mal ? Parce que j’avais découvert que tu m’avais trompée. Trompée, à mon sens du terme. Tu as longtemps essayé de me manipuler, tu le sais, pour notre bien je présume, ou pour te protéger.  Ça a été une torture. Tu me l’as caché. J’ai été plusieurs fois déçue par tes propos que je ne comprenais pas. J’ai plusieurs fois perdu confiance en moi : je sais que je me connais, j’ai confiance en mon instinct, et à cause de toi, je l’ai perdu un temps, complètement déboussolée. Et je t’en veux aujourd’hui pour ce mal-là, plus que pour le fait que tu m’aies trompée. J’ai perdu confiance en toi. En partie. J’ai l’impression que tu as été égoïste. Et souvent quand on se dispute, je te dis « et moi ? ». Et bien souvent, tu n’as pas de réponse autre que « et notre couple ? ». Si je disparais, plus de couple, c’est simple. Mauvaise réponse. Pas la peine d’essayer la culpabilisation. Peu m’importe la forme d’une dispute, peu m’importe les mots, je veux toucher le fond du problème, et le résoudre. Je ne supporte pas les non-dits. Les reproches qui sortent d’un coup en excuses non plus. Je veux résoudre les conflits. Et jamais je n’hésiterai à mettre à terre quelqu’un pour y arriver. Que ce soit moi-même ou l’autre. S’il le faut, je blesserai quelqu’un si j’estime qu’il le mérite. Parce que je veux me protéger. Je n’oublie jamais une blessure. Ni sa douleur, ni sa cicatrice. Je ne pardonne pas. En contrepartie, je suis extrêmement patiente. Et sans aucun doute, si quelqu’un dépasse ma limite, il ne mérite pas mon pardon. « Faut pas déconner non plus ! »

Oui, j’ai perdu confiance en toi en partie. Je crois que jamais je ne la retrouverai. Mais je t’aime encore. N’attends pas que cet amour soigne toutes mes blessures. N’attends pas de regagner cette confiance par cet amour. Même en me forçant, je n’y parviens pas.  Te pardonner pour ça ? Non plus. Même si je le souhaite, je n’arrive pas à oublier. Mais ça ne m’empêche pas de t’aimer. Et n’aies pas peur de moi, je ne veux te faire aucun reproche. Te l’ais-je déjà fait depuis tout ce temps ? Ce qui est fait est fait. Je ne veux qu’aller de l’avant. Parfois j’ai encore mal, et quand cette douleur est très forte, l’envie me prend de te faire subir la même chose. Parce que bêtement, je me dis que ce n’est qu’en te rendant la monnaie de ta pièce que je pourrais oublier et te pardonner. Mais je me connais bien. Cela ne changerait rien et ne fera que nous détruire. Alors je préfère aller de l’avant.

Je ne te demande que de ne plus me faire mal et de me respecter. Pas de mensonge, tu sais que tu peux t’exprimer. Je me demande encore pourquoi tu n’as pas voulu. Je t’ai accordé ma confiance, j’ai contredit mes instincts pour toi, et je le regrette. Je n’aime pas regretter. Aujourd’hui je t’accorde à nouveau ma confiance, mais pas celle que j’ai perdue. Ma mémoire ne s’efface pas. Cela dit, cette confiance-là peut grandir. J’y crois. Peut-être naïvement…

A cause de ce passage, je t’en veux. Mais ce n’est pas le pire de ce que j’ai pu voir en toi. Ton caractère suffit à faire de l’ombre à cette histoire ! Tu ne t’appelles pas Sale Con pour rien. Mais je m’en fiche, tant que tu ne me fais pas de mal. Malheureusement, ça arrive. Moi aussi je t’ai fait du mal je pense, même si je ne sais pas forcément quand ni pourquoi. Dis-le-moi. Comme je te le dis. J’y tiens.

J’aime parler avec toi, de la pluie, du beau temps, des cons autour de nous, de ce qu’on aime, de ce qu’on déteste. Autant que de partager tous les petits moments de la vie, dans le canapé ou en cuisine, dans un bar ou au resto, chez nos famille respectives… Autant que de faire l’amour avec toi. Le sexe n’avait jamais eu beaucoup d’importance pour moi, car malgré ma courte expérience, j’ai été déçue plus qu’autre chose. J’avais retardé de perdre ma virginité au maximum, parce qu’à cause de ma maladie, on m’avait prédit que mes rapports sexuels seraient douloureux. Heureusement ce n’est pas le cas. La chance dans le malheur ? Mais je n’ai pas d’orgasme facilement, moi non plus. Et c’est d’autant plus difficile lorsque mon partenaire ne m’y aide pas. Je n’ai donc jamais vraiment trouvé le plaisir dans le sexe. Mais je n’aime pas rester dans le négatif, je n’ai pas renoncé au sexe, le sexe étant incontournable dans notre vie, je pense. Au lieu de penser à moi, parce que je croyais que je n’y pourrais rien de toute façon, je pense à mon partenaire. Trop peut-être. Aujourd’hui, j’ai peur que cela me cause du tort. J’ai fini par m’effacer, et à me comporter en objet. C’est plaisant en un sens. Mais au fond, ce n’est pas ce que je veux. Si ça me contente, ce n’est que pour un temps.

Je suis très changeante, à tous points de vue. Qui serait capable de me dire quelle est ma couleur préférée, ma fleur préférée, mon plat préféré,… Je n’en suis pas capable moi-même. Je dis souvent « je ne sais pas ». Ce n’est pas parce que je m’en fous, c’est que je ne sais vraiment pas. J’aime changer souvent, par goût du challenge, pour faire l’originale, par lassitude… Pas par effet de mode, juste pour mon plaisir. Je réponds « je ne sais pas » par facilité, sinon je répondrai un paragraphe entier pour conclure par « donc ça dépend ». J’en suis désolée. C’est dans ma nature. Et je ne veux pas aller contre cette facette, je veux continuer à être changeante, peut-être parce que je ne veux pas être ennuyeuse. Et parce que j’aime goûter à tout ! Mais pas à n’importe quoi, j’ai des limites, je me respecte. Et c’est pour ça que je n’irai jamais voir ailleurs. Sache que je ne change pas mon n’amoureux ! On ne choisit pas de qui on tombe amoureux…

Côté sexe, ce que j’apprécie énormément, c’est de te parler. Et que tu m’écoutes. Même si  je dois me répéter. Je n’arrive pas encore à savoir ce que je veux, ce qui me plaît. J’aime être portée par l’envie du partenaire le plus souvent, lui faire confiance. Mais la déception est parfois au bout, je n’y prends pas de plaisir. Il faut que je m’exprime plus. Oui, mais pour dire quoi ? Je ne sais pas moi-même ce dont j’ai envie. Grâce à toi, j’ai appris un peu plus à me connaître sexuellement. J’ai encore beaucoup à apprendre, je le sens. Mais lorsque tu prends le dessus, par facilité, je suis perdue. Je t’envie de savoir ce que tu veux aussi facilement. Je me suis tellement tue que je me suis oubliée. Comme une petite fille qui est devenue muette à force de silence. Et qui doit apprendre à parler à nouveau. Laisse-moi le temps. J’ai besoin de temps. J’ai peur de te le demander ce temps, toi qui est impatient.

Je n’ai jamais eu de relation sérieuse avant toi. J’aime et j’ai peur. On avance ensemble, c’est ce qui calme mes peurs. Mais pas toutes. Ne m’en veux pas, je suis comme ça. Je n’aime pas t’en parler parce que tu finis par croire que je t’en veux ou que c’est de ta faute. Non. Accepte-les, ce sont mes faiblesses.  J’ai bien des forces, mais aussi des faiblesses.

Je veux rester à tes côtés, et je veux te trouver à mes côtés. J’ai commencé à changer parce que tu fais partie de ma vie, je ne le regrette pas. J’espère que Sale Con a aussi changé, qu’il se sent encore mieux aujourd’hui et qu’il continuera…

Je t’aime.

5 Responses to Ses mots … Sa douleur

  1. rodeo dit :

    je me permet de laisser un com…..l’article de ninie m’a sciee……
    cette femme, salecon,est une perle…..
    intelligente, perspicace…..
    je n’ai qu’une chose à dire…..
    continuez votre chemin…..ensemble…… 🙂

  2. Reine dit :

    Ah… Difficile de commenter une telle note…
    Mais ne rien dire est décevant pour l’auteur(e)…
    On attend toujours un avis, un point de vue différents, extérieurs, objectifs ; non ?
    Tout d’abord, je trouve que c’est très bien écrit 🙂
    Les émotions passent très bien…
    SC, t’as du soucis à te faire, ta chérie écrit très bien !! 😀

    Maintenant… hum… mon avis est que… un blog devrait rester un jardin secret.
    Mon ex mari a trouvé le mien et même si nous n’étions plus ensemble, il a eu mal. Même si je ne disais pas de mal de lui (ouiiii okkkkk je ralais mais pas plus hein :-D), il a lu des choses qui ne lui étaient pas destinées.
    De même que j’ai lu des choses qui ne m’étaient pas destinées dans ses mails et ai été blessée…
    Et malheureusement, les blessures se referment mais ne disparaissent pas. Elles se transforment en cicatrices, mais il en reste une trace ; on n’est plus jamais vierge.
    Ca… je crois que tu l’as bien compris (et dit) 🙂

    Ninie, ne t’efface jamais pour l’autre, ne te renie jamais.
    Reste toi.
    Sinon tu cours le risque de le regretter un jour.
    Voire de le reprocher à l’Autre.
    Ce qui n’empêche pas de se remettre en question bien sûr. Mais se remettre en question, c’est réfléchir sur soi, pas vaciller.

    Quant à savoir si SC a changé… Je ne le « connais » pas depuis des lustres, mais je ne crois pas l’avoir vu aussi bien que depuis qu’il est avec toi 🙂
    Lui qui était en constante recherche semble avoir trouvé une stabilité.
    Et puis quand il prend le dessus, cloue z’y le bec et puis c’est tout !
    Non mais !!! 😉

    Bises à tous les deux

  3. LFM dit :

    Une question que je me pose : Pourquoi ta chérie a elle ressentie le besoin que ce soit publié ?

    J’aurais d’autres choses à dire mais comme je ne suis pas sure qu’elle ait voulu le publier pour qu’on puisse le commenter je vais m’abstenir (je dirais juste que c’est courageux parce que c’est le genre de choses qui nécessite de sortir ses tripes et ça n’est jamais une partie de plaisir donc bravo à elle). Si jamais c’est le cas j’espère que tu pourras nous le dire.

    Une question pour toi : tu vas lui répondre de la même façon ?

  4. Christophe dit :

    Elle écrit très bien la Demoiselle et elle est lucide sur beaucoup de choses. L’écriture cela aide, mettre des mots sur ses émotions, ses pensées. Cela sert à avancer. Elle devrait elle aussi ouvrir son jardin secret, un blog. C’est moins cher qu’un psy.lol.

  5. SC dit :

    @Rodeo > Je te rassure … Notre chemin n’est pas prêt de s’arrêter 🙂

    @Reine, LFM et Chris > Elle n’a pas encore lu votre comm … Elle vous répondra … Peut-être 🙂

    Mais je suis assez d’accord avec vous sur son écriture et son courage

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